L’infini / L’infinito

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…alors, au sein de cet infini, mes pensées se noient et ce naufrage m’est doux dans cet mer.

… so within this infinity my thoughts drown and sinking is sweet  to me in this sea.

Toujours chère me fut cette isolée colline
Et cette haie, que d’une si grande partìe
De l’extrême horizon le regard exclut.
Mais, en m’asseyant et contemplant, illimité
Espace au -delà d’elle, et surhumaines
Silences, et profondissime quietude
Dans ma pensée je me fains, ou pour peu
Le coeur n’a pas peur. Et, quand j’entends
Le vent bruyant parmi ce feuillage, cet
infini silence là a cette voix
Je vais le comparant: et l’eternel me souvient
Et les mortes saisons, et la présénte,
Et vivente, et son son. Ainsi, dans cette
Infinité se noie ma pensée:
Et naufrager m’est doux dans cette mer.

Giacomo Leopardi

Sempre caro mi fu quest’ermo colle,
E questa siepe, che da tanta parte
Dell’ultimo orizzonte il guardo esclude.
Ma sedendo e mirando, interminati
Spazi di là da quella, e sovrumani
Silenzi, e profondissima quiete
Io nel pensier mi fingo; ove per poco
Il cor non si spaura. E come il vento
Odo stormir tra queste piante, io quello
Infinito silenzio a questa voce
Vo comparando: e mi sovvien l’eterno,
E le morte stagioni, e la presente
E viva, e il suon di lei. Così tra questa
Immensità s’annega il pensier mio:
E il naufragar m’è dolce in questo mare. 

Giacomo Leopardi

Le chat

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Viens, mon beau chat, sur mon coeur amoureux;

Retiens les griffes de ta patte,

Et laisse-moi plonger dans tes beaux yeux,

Mêlés de métal et d’agate.

Lorsque mes doigts caressent à loisir

Ta tête et ton dos élastique,

Et que ma main s’enivre du plaisir

De palper ton corps électrique,

Je vois ma femme en esprit. Son regard,

Comme le tien, aimable bête

Profond et froid, coupe et fend comme un dard,

Et, des pieds jusques à la tête,

Un air subtil, un dangereux parfum

Nagent autour de son corps brun.

Charles Baudelaire

(choisi par Lindsay)